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Objectif Sein

 
Digues

 

La vie des marins a toujours été réglée par la météo. Sur l'Ile de Sein, la météo règle la vie de chacun et de chacune. D'elle dépend la difficulté de vivre.

  Photo Ronan Thymeur

L’île a été envahie bien des fois par l'eau de mer, et a été submergée en grande partie par un raz de marée en 1703, 1752 puis en 1756. Le gouverneur de Bretagne, le duc d'Aiguillon, en fut informé et apprit que l'île était souvent la proie de l'océan. Les maisons en bordure du bourg étaient régulièrement lavées et balayées par les vagues, presque constamment inondées en hiver. Il arrivait régulièrement que le seul salut des Sénans viennent des toits des maisons situées au Nifran, l'endroit le plus haut de l'île.

 

Plein de bonté et prit de pitié, le gouverneur offrit aux Sénans la possibilité de quitter l'île et de s'installer dans des habitations sûres, mises à leur disposition sur le continent. C'était mal connaître les Iliens qui refusèrent d'un commun accord de quitter leur caillou.

 

Comprenant leur appartenance à un territoire, fut-il hostile par nature, il donna alors des ordres afin que soient construits des ouvrages de défense contre la mer et les tempêtes. La première digue fut au sud. Le duc d'Aiguillon commanda également la construction de la cale. Ce furent les deux premières infrastructures de protection qui annoncèrent la construction et le suivi de beaucoup d'autres.

 

En 1865, la Bretagne va recevoir de plein fouet une des plus grosses tempêtes du XIXème siècle, dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 décembre. L'eau est montée à plus d'1,50 mètre au-dessus de son niveau habituel des fortes marées d'équinoxe. Les digues, les maisons, les ports sont mutilés, certaines rues de Quimper sont sous 1,60 mètre d'eau. Au niveau professionnel, les cultures sont dévastées par l'eau de mer et le sel, les réservoirs à poissons et à crustacés sont détruits ou vidés, le goémon a été arraché. Sur toute la Bretagne, deux années de travail sont anéanties en une nuit. Le pire a été pour les habitants de toutes les îles. La plus touchée est l'Ile de Sein, déjà fortement éprouvée par les précédentes tempêtes.

   

Photo Ronan Thymeur  Photo Ronan Thymeur  Photo Ronan Thymeur

Gros dégâts dûs à une mauvaise météo sur l'Ile de Sein au  XIXème siècle:

 

-        1821 : la digue ayant été abattue par la mer et le vent, 1/3 des habitations sont inondées, 7 sont entièrement détruites, des bateaux de pêche sénans sont éclatés sur les rochers.

-        1824 : nouvelle forte tempête, et nouveaux dégâts conséquents sur les maisons et les bateaux.

-        1830 : alors que les hommes sont à la pêche, l'eau s'abat du ciel et de la mer sur l'île. Les femmes et les enfants doivent se réfugier sur les toits les plus hauts, en grande urgence devant la vitesse de l'inondation.

-        1836 : la presque totalité de l'île est submergée pendant 12 heures consécutives. Les Sénans ne doivent de nouveau leur salut qu'aux toits des plus hautes maisons.

-        1856 : La mer submerge une grande partie de l'île lors d'une violente tempête.

-        1865 : les 3 et 4 décembre, les digues sont détruites, les quais renversés, plusieurs habitations chavirées par les vagues, les terres immergées d'eau de mer, les réserves de l'hiver gâchées. 124 foyers se retrouvent dans des conditions de détresse extrême, ayant sauvegardé leur vie mais perdu tout le reste, maison, meubles, vêtements, nourriture, instruments de travail.

-        1866 : les 10 et 11 janvier, énorme coup de vent qui fait des ravages considérables. L'île est partiellement sous les eaux.

-        1866 : les 17, 18 et 19 mars, l'île est de nouveau inondée, pour la 3ème fois en un trimestre. Le syndic des gens de la mer, Jean-Noël Thymeur, lance un appel de détresse : "Le peu de terre qui existe était semé. Les blés sortis de terre ont été tout brûlés. On ne peut crier cette année à l'Ile des Seins que misère la plus complète. Nos pêcheurs ne gagnent rien par suite du mauvais temps qui règne toute l'année. Les femmes ont complètement perdu le peu de goémon qu'elles avaient ramassés pour faire de la soude. La terre, inondée deux fois la même année ne pourra produire aucune espèce de grain, ni pomme de terre. Tout le monde sait que la pomme de terre est la nourriture des malheureux. Misère, Misère complète".

-        1882 : L'île est partiellement submergée, les digues, des maisons et des bateaux emportés par le flots.

-        1896 : L'ouragan est si violent que le baromètre descend autour de 720 mm, battant ainsi le record de 1703. Les bateaux ne résistent pas et les digues sont une nouvelle fois détruites.

 

Devant une telle série de catastrophes naturelles, les pouvoirs publics prennent la décision, non seulement de réparer les digues, mais d'en construire de nouvelles.

 

Photo Corynn - Ligne de protection devant le village

 

En 1866, on bâtit des quais avec parapets pour protéger les maisons du bord de mer. De 1867 à 1875, les digues furent reconstruites régulièrement et entretenues du mieux possible. En 1870, on construisit la cale du Men Brial. En 1875, on bâtit le quai partant de la Cale Coz vers la pointe du village, puis il fut prolongé par la suite par une cale dans la direction opposée, vers le port. 1877 voit la construction de la grande digue de 400 m qui coure de Beg ar C'halé à Ervily.  De 1930 à 1936, la cale est surélevée et prolongée, puis agrémentée d'un immense terre plein de 3500 m². Les Ponts et Chaussées décidèrent également de construire une jetée à l'endroit le plus dangereux pour les bateaux. Cette jetée, reliant Roch Pugued à Plas a Vri mesure 313 m. En 1939, on renforça la digue de Porkaïg d'une base parabolique  en béton sur laquelle la lame grimpe pour mieux s'enrouler sur elle-même et retomber en arrière. En 1949, il fallut entièrement refaire le quai d'Ervily détruit par les éléments déchaînés. En 1989, la tempête jeta à bas la digue de Porkaïg sur plus de 65 m, il fallut la reconstruire en 1990.

Construction Digue - Archive Ronan Thymeur

 

 

 

Photo de la construction de la digue du Men Brial, avec la grue amenée sur l'île pour cet ouvrage.

 

 

 

A l'heure actuelle, le port de l'Ile de Sein est, grâce à ses digues, l'un des mieux abrité de la mer d'Iroise. L'ingéniosité de leurs constructions a été de permettre la retenue d'eau dans le port pour accepter, en plus de leur rôle de sauvegarde, de recevoir des bateaux de 30 à 40 tonneaux (environ entre 43 et 57 mètres cubes).

 

  Photo Ronan Thymeur

 

La mémoire de C'hoar MariePhoto archive Thymeur

 

"L'île est défendue aux points les plus bas par des digues qui retiennent les lames qui viennent s'y briser en un fracas étourdissant, que l'on entend même de notre petite maison blottie au milieu de l'île et dont l'endroit est encore appelé (en 1939) Kreiz Kear (milieu de bourg).

 

Ces digues, les Ponts et Chaussées doivent souvent y faire des réparations. Il faut bien les entretenir, c'est vital pour l'île. Je crois que c'est à cette époque que furent entreprises les brises-lames de Porkaïg, un peu avant la déclaration de la guerre."

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