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Naufragés et Naufrageurs

 

L’île était autrefois bien plus grande qu’aujourd’hui. L’érosion marine et aérienne y est lente mais inexorable. Située au cœur des tempêtes de l’Atlantique, constituant le premier obstacle aux caprices des ouragans tourmentés, elle subit l’attaque sans cesse répétée des vagues et des vents.

 

Cette situation géographique et climatique extrême entraîne les navires à se drosser contre les écueils acérés effleurant à peine la surface de la mer. Les premiers habitants de l’île furent donc des naufragés, parfois rejoints par des pirates ou autres hors la loi. La vie était des plus difficile, les naufragés manquant de tout ce qu’on peut trouver sur le continent.

 

Les bateaux se jetant d’eux mêmes sur la grève, poussés par les tempêtes, sont les chances de survie des pauvres hères accrochés au caillou balayé en permanence par les vents. Ils y trouvent nourriture pour se remplir la panse, bois pour se chauffer les os, tissus et étoffes pour se vêtir, chaussures et sabots pour protéger leurs pieds, ustensiles pour vivre un peu mieux, de l’or ou des bijoux pour le troc, et des armes pour pêcher et chasser, pour se défendre ou attaquer. Ce sont de ces apports que sont nées les premières habitations de l’île. Mais on ne parle pas encore de Sénans. Suivant les raz de marée ou les possibilités de quitter l’île, elle se dépeuplera totalement et se repeuplera au gré des naufrages.

 

  Photo Ronan Thymeur

 

Cette manne apportée par les destructions des navires était considérée comme un cadeau envoyé par les Dieux. Lorsque les Dieux ne se révèlent pas assez cléments et que la situation devient dramatique sur l’île, l’idée d’allumer un feu pour attirer les bâtiments n’est que la suite logique des conditions de survie. Laissant les flots faire la majeure partie du travail, il ne reste plus aux naufrageurs qu’à achever les survivants qui risqueraient de vouloir revendiquer leurs biens. C’est ainsi que de naufragés, les premiers habitants sont devenus naufrageurs, par nécessité autant que par avidité. Les feux pour attirer les navires n'étaient pas souvent utilisés, le Raz et la Chaussée entourant l'île étant suffisamment meurtriers pour amener les bateaux des courants jusqu'aux rochers à un rythme suffisant.

 

Petit à petit, un embryon de vie sociale se construit autour de ce qu’apporte la mer, et des enfants naissent sur l’île. Ils seront les premiers vrais Îliens. Les Sénans se marient entre eux et ne fréquentent pas les continentaux.  Aux côtés du capitaine, les femmes jouent un rôle important dans les décisions à prendre pour la survie de la communauté. Les apparitions de bâtiments en perdition sont parfois l’unique solution de survie et les mères ne sont pas en reste dans la curée qui suit un naufrage, pour nourrir leurs progénitures.

 

Autour des femmes, le bourg se construit et la vie s’installe. Les premières familles sénanes se développent. Pêche, glanage à la grève, algues, maigres plantations et naufrages sont leurs principales ressources.

 

La grande peste qui s'est abattue sur l'île en 1601 a incité les habitants de l'île devenus rares à s'ouvrir sur le continent. Il s'en suivit un mélange des populations entre les Capistes et les Sénans. Cette ouverture sur une terre pauvre mais un peu plus hospitalière, d'où ils ramenèrent femmes ou maris, installa sur l'île une socialisation qu'elle n'avait jamais connue. Moins barbare, elle se fit doucement plus humaine.

 

Il fallut attendre l’apparition de la religion catholique sur l’île pour voir arriver la miséricorde envers les sinistrés. Les naufrages ne furent plus provoqués et les vies furent épargnées, puis  sauvées. Cependant les prises des pillages demeurèrent longtemps sénanes, au nom du "droit de bris".

   

Bateau de sauvetage - Tableau de Corynn E.Thymeur

En août 1681, l'article 44 de l'Ordonnance de la Marine institue un nouveau règlement : "Ceux qui allument, la nuit,  des feux trompeurs sur les grèves de la mer ou dans des endroits périlleux pour y attirer et faire perdre les navires, seront punis de mort et leurs corps attachés à un mât planté où ils auront fait des feux."

 

La peine de mort est également réservée aux pilleurs d'épaves. Néanmoins, l'Ile de Sein perpétue ses habitudes de lester les navires à la côte. Il en va souvent de la survie de la communauté et les missionnaires commencent à peine à se faire entendre sur le sujet. Le choix est de mourir de faim de manière tout à fait certaine, ou de mourir de peine de mort de manière très aléatoire, et sur l'île jamais pratiquée.

 

Au XVIIIème siècle, un représentant de l’Amirauté est envoyé "pour veiller aux effets et débris provenant des bris et naufrages qui arrivent à l’Isle des Saints". Sa présence, pas plus que celle du recteur n’empêchera les pillages en règle des navires écartelés sur les roches, mais il est noté que les vies sont secourues et les sépultures sont données chrétiennement.

 

Quant aux naufragés, ils sont systématiquement accueillis sur l'île, quelqu'en soient les conditions. C'est ainsi qu'en 1796, alors que Sein est en proie à une des plus cruelles disettes, un naufrage se produisit. Les Sénans, comme toujours se portèrent au secours des marins. Ceux-ci furent amenés sur l'île, au nombre de 700, alors même que les Îliens n'avaient rien à manger. Ils furent cependant bien reçus, même si, comme les habitants de l'île, ils durent manger des algues et des berniques pour ne pas mourir de faim.

 

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