La Baudroie (lophius piscatorius)

Bien que couramment débarquée dans les criées de Bretagne, la Baudroie (famille des lophiidés) est plus connue dans les poissonneries sous le nom de lotte où elle est présentée étêtée et pelée. Heureusement d'ailleurs car qui voudrait d'un poisson au corps visqueux et épineux dont l'énorme tête (la moitié du corps) n'est q'une gueule garnie de dents acérées ? Et pourtant, aussi délicieuse que laide, la baudroie est bien connue et appréciée des gourmets…

L'arrivée de l'automne marque la fin de la saison de pêche pour ce poisson relativement abondant au large des côtes bretonnes. Il vit sur les fonds sableux ou rocheux, pratiquement jusqu'à 1000 m de profondeur. Piètre nageuse, la baudroie est un redoutable chasseur. S'enfouissant à demi dans le sable, elle ne laisse dépasser que sa gueule et son filament pêcheur qui lui sert à attirer tacauds, merlans, chinchards, morues… et même bars : François Spinec se souvient d'avoir trouvé un bar de 2 kg et un autre de 3 kg dans l'estomac d'une même lotte !

Pendant les trois premières années la baudroie grandit d'environ 10 cm par an, puis de 7 à 8 cm par an jusqu'à sa maturité. Les plus grands individus peuvent alors atteindre 2 mètres pour un poids de 45 kg !

Les études et les recherches sur la baudroie sont relativement récentes et l'on connaît encore mal sa reproduction. A priori, celle-ci s'étale sur toute l'année avec deux périodes particulièrement actives au printemps et en hiver. Les œufs sont alors pondus en cordons gélatineux mesurant jusqu'à 10 mètres de long. Ces derniers, une fois désagrégés, libèrent chacun des millions d'œufs qui seront ensuite fécondés à la surface. Malgré ces chiffres, la baudroie est très sensible à la surexploitation, et la mortalité, due en partie au manque de sélectivité des chaluts utilisés, ne pourrait augmenter au-delà de son niveau actuel sans risque pour la ressource.

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