La Musaraigne Sénane (Crocidura suaveolens enez sizunensis)

Non, ce n’est pas une blague pour la nouvelle année... Il existe bel et bien une musaraigne spécifique à l’île de Sein. Toutefois on la connaît très mal. Les rares informa­tions dont on dispose à son sujet sont issues des recherches menées par l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) au début des années 90. Les études sur les écosystèmes propres aux îles bretonnes ont effectivement - entre autres - permis de mettre en évidence une forme insulaire de musa­raigne.., qui est même protégée par une directive européenne.

Avec sa gracieuse tête allongée et son fin museau, le petit animal (de 7 à 11 cm) emprunte la plupart de ses caractéristiques physiques à la musaraigne des jardins (Crocidura suaveolens). Pour ce qui est de son habitat et de ses mœurs, notre rongeur insulaire se rapproche par contre de la musaraigne aquatique (Neomys fodiens). Comme elle, elle construit son nid sur la berge, toujours à proxi­mité de l’eau. Ceci s’explique par son alimentation parti­culièrement atypique, car si ce mammifère sénan se nour­rit principalement d’insectes et de vers, il adore également les petits crustacés et autres mollusques qu’il chasse sur la grève. Ses principaux prédateurs - serpents et hiboux nocturnes  étant absents sur l’île, la musa­raigne prolifère en donnant naissance chaque année à pas moins de trente petits !

Crépusculaire et nocturne, il est difficile de l’obser­ver à moins d’être insomniaque et très patient. Avec un peu de chance, on peut parfois la surprendre dans les abris de jardin où les pièces humides de la maison où elle aime se réfugier durant l’hiver.