Le Homard

L’arrivée du printemps sur l’île marque le retour de la saison du homard, un crustacé très apprécié des pêcheurs mais également des gastronomes…

Au même titre que la crevette et la langouste, le homard fait partie de la famille des décapodes marins. À Sein, on le pêche sur les fonds rocheux, de l’estran à une profondeur de 100 mètres. Ce grand crustacé, surnommé « le cardinal des mers » par Monselet, célèbre chroniqueur gastronomique du XIXe siècle, vit en effet dans les cavités des roches sous-marines dont il s’éloigne généralement très peu. Ce n’est qu’une fois la nuit venue - d’où sa couleur bleue marbrée de violet - qu’il quitte son repaire pour chercher sa nourriture. Son régime omnivore (coquillages, algues, poissons morts, etc.) explique l’originalité et la complexité de sa morphologie. Outre une carapace très résistante, le homard est armé de deux pinces solides : l’une massive, broyeuse, l’autre plus fine, coupeuse. Sa cavité buccale, véritable batterie de cuisine, est quant à elle équipée d’un système subtil lui permettant aussi bien de trancher que de râper ses aliments. Cet arsenal des mers grandit lentement mais sûrement et peut mesurer jusqu’à 50 centimètres ( imaginez le somptueux ragoût ! ). Il peut vivre 50 ans et dépasser le poids respectable de 5 kilogrammes.

Sa pêche se poursuit jusqu’aux premiers jours de l’été pour reprendre quelques temps en automne. Dans « Le gardien du feu », Anatole Le Braz décrit l’arrivée à Sein des pêcheurs de Loguivy, les « Paimpolais », venus des Côtes d’Armor pour la saison du homard : « Une procession de voiles vient d’émerger des profondeurs du septentrion. Ce sont les barques loguiviennes, à n’en pas douter. Elles s’avancent comme une troupe de cygnes noirs. Chaque printemps, elles émigrent de la sorte, des confins du Goëlo, emportant une tribu entière, hommes, femmes, et les enfants qui ne sont pas encore sevrés. (…) Voilà des années que les Loguiviens (…) accomplissent périodiquement cet exode vers les eaux de Sein, riches en homards ».