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-         Rappel historique

-         L'appel du 18 juin 1940

-         La France du 18 juin 1940

-         Ar Zénith

-         L'oreille des sénans

-         La décision

 

-         Le départ

-         En Angleterre

-         Sur l'île, pendant ce temps

-         La mémoire de C'hoar Marie

-         Le retour

-         Compagnon de la Libération

-         Le Débarquement


 

La mémoire de C'hoar Marie

 

"Eté1939, déclaration de guerre. La France entre dans la furie des peuples en guerre. Sein, petite île du Finistère, oubliée de tous, à qui personne ne pense. Sur certaines cartes de France, elle n'y figure même pas. Qui s'en soucie ? Personne. Et pourtant, cette petite Ile de Sein va faire parler d'elle, surtout de ses 142 hommes qui partiront pour l'Angleterre au péril de leur vie, pour aller s'offrir volontaires au Général de Gaulle. Oui, on en parlera de l'Ile de Sein, sur toutes les parties du monde où les hommes iront combattre : sur toute la terre de France, l'Afrique, sur mer, sur terre… Tous ne sont pas revenus. Il y eut des morts. Sein paya un lourd tribut à la France. Elle eut sa récompense, teintée d'amertume pour la perte de ses enfants et fut déclarée Compagnon de la Libération. Notre île est connue à présent, on en parle en peu partout. Mais Sein restera Sein, et pauvre.

 

Il faut s'y rendre pour comprendre. Les Allemands aussi y sont venus. Ils se sont installés en conquérants qu'ils étaient, dans les plus belles maisons, les hôtels, dont un transformé en "Commandantur" sur le quai Sud. Ils se sont installés à la maison "l'Abri du Marin", au phare à terre, mais aussi en compagnie des gardiens des phares en mer.

 

Il y eut des moments très forts, des frictions entre Allemands et Îliens, des arrestations, même notre pauvre parrain Colas, enfermé au Men Brial, à cause d'une chanson qu'il fit sur cette guerre : "Hilter, Goéring, Ribentrop, tri gi c'hlaon euz an Europ" (Hitler, Goéring, Ribentrop, les trois chiens malades d'Europe). Ce n'était pas pour plaire aux Allemands. Ils l'enfermèrent, relâché un peu plus tard, il fut malade et mourut. Et toute l'île apprit sa chanson par cœur et on la chanta à toutes les occasions.

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Il y eut l'histoire de Jean-Noël Fouquet, le frère de Solange, enfermé à la Commandantur au sous-sol. On pensait bien qu'il devait être fusillé. Son père et son frère Nicolas organisèrent son évasion, à bord d'un bateau de pêche. Ils partirent en Angleterre rejoindre Guénolé, leur frère et fils. On fit courir sur l'île que le bateau avait coulé, mais les Allemands en furie arrêtèrent la maman Fouquet et Solange. Elles furent incarcérées à Saint Charles à Quimper, dont les Allemands avaient fait leur prison, mais elles furent relâchées, faute de preuve.

 

Les champs aux alentours du phare étaient minés. Les Allemands avaient très peur d'un débarquement sur l'île. La chaussée au bout du Korréjou, minée aussi, trois mines rondes sur la route, on en voit encore l'emplacement.

  Vache sénane - Archive Thymeur

Nous avions une vache, blanche et noire. Entre Mam et  ma grand-mère, nous avions un petit appentis là où se trouve la partie la moins large de la petite maison. C'était la demeure de notre Noireaude. Les champs de Goulénez et Plass ar Skool étaient minés par les Allemands. Notre vache, une fois, nous arrivons Yvonne et moi pour la rentrer. Nous l'avions piquée en haut du Nabeur. Quelle surprise, la vache ne s'y trouve plus et stupéfaction, elle broute tranquillement dans le champs de mines. Il fallut longtemps avant qu'elle ne se décide à sortir de là. Nous nous attendions à entendre un Boum ! et à voir notre pauvre bête voler en l'air. Mais non, elle savait sans doute par où passer et elle revint tranquillement.

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Mais la grand-mère à Viviane, qui a deux enfants malades, cette grand-mère, Tinti Chänn, était partie sans souci ramasser de l'herbe pour sa vache, mais hélas, dans le champs de mines. Et elle n'eut vraiment pas de chance. Elle sauta sur une mine et fut grièvement blessée. Elle est morte de ses blessures.

 

Il y eut Henri Porsmoguer, le beau-frère à Anna Chevert. Lui, c'est à la Plass ar Skool qu'il sauta sur une mine. Il eut plusieurs éclats dans le corps, fut soigné sur le continent, et n'en mourut pas.

 

Et puis il y avait les collaborateurs, certains, pour les besoins de la cause, afin de pouvoir renseigner les partisans ou ceux partis en Angleterre ; d'autres, pour leur plaisir personnel. Mais un jour qu'un Allemand nous tenait en joue mon frère Dominique et moi, une voix s'élève d'une femme. Elle nous connaît bien. Elle explique quelque chose en allemand, et l'autre a baissé son arme. J'allais sur mes 16 ans et Dominique sur ses 13 ans. Nous avons eu de la chance".

 

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