Histoire
La Seconde Guerre Mondiale
La mémoire de C'hoar Marie "Eté1939, déclaration
de guerre. La France entre dans la furie des peuples en guerre. Sein,
petite île du Finistère, oubliée de tous, à qui personne ne pense.
Sur certaines cartes de France, elle n'y figure même pas. Qui
s'en soucie ? Personne. Et pourtant, cette petite Ile de Sein va faire
parler d'elle, surtout de ses 142 hommes qui partiront pour l'Angleterre
au péril de leur vie, pour aller s'offrir volontaires au Général de
Gaulle. Oui, on en parlera de l'Ile de Sein, sur toutes les parties du
monde où les hommes iront combattre : sur toute la terre de France,
l'Afrique, sur mer, sur terre… Tous ne sont pas revenus. Il y eut des
morts. Sein paya un lourd tribut à la France. Elle eut sa récompense,
teintée d'amertume pour la perte de ses enfants et fut déclarée
Compagnon de la Libération. Notre île est connue à présent, on en
parle en peu partout. Mais Sein restera Sein, et pauvre. Il faut s'y rendre
pour comprendre. Les Allemands aussi y sont venus. Ils se sont installés
en conquérants qu'ils étaient, dans les plus belles maisons, les hôtels,
dont un transformé en "Commandantur" sur le quai Sud. Ils se
sont installés à la maison "l'Abri du Marin", au phare à
terre, mais aussi en compagnie des gardiens des phares en mer. Il y eut des moments
très forts, des frictions entre Allemands et Îliens, des arrestations,
même notre pauvre parrain Colas, enfermé au Men Brial, à cause d'une
chanson qu'il fit sur cette guerre : "Hilter, Goéring, Ribentrop,
tri gi c'hlaon euz an Europ" (Hitler, Goéring, Ribentrop, les
trois chiens malades d'Europe). Ce n'était pas pour plaire aux
Allemands. Ils l'enfermèrent, relâché un peu plus tard, il fut malade
et mourut. Et toute l'île apprit sa chanson par cœur et on la chanta
à toutes les occasions. Il y eut l'histoire
de Jean-Noël Fouquet, le frère de Solange, enfermé à la Commandantur
au sous-sol. On pensait bien qu'il devait être fusillé. Son père et
son frère Nicolas organisèrent son évasion, à bord d'un bateau de pêche.
Ils partirent en Angleterre rejoindre Guénolé, leur frère et fils. On
fit courir sur l'île que le bateau avait coulé, mais les Allemands en
furie arrêtèrent la maman Fouquet et Solange. Elles furent incarcérées
à Saint Charles à Quimper, dont les Allemands avaient fait leur
prison, mais elles furent relâchées, faute de preuve. Les champs aux
alentours du phare étaient minés. Les Allemands avaient très peur
d'un débarquement sur l'île. La chaussée au bout du Korréjou, minée
aussi, trois mines rondes sur la route, on en voit encore l'emplacement. Nous avions une
vache, blanche et noire. Entre Mam et
ma grand-mère, nous avions un petit appentis là où se trouve la
partie la moins large de la petite maison. C'était la demeure de notre
Noireaude. Les champs de Goulénez et Plass ar Skool étaient minés par
les Allemands. Notre vache, une fois, nous arrivons Yvonne et moi pour
la rentrer. Nous l'avions piquée en haut du Nabeur. Quelle surprise, la
vache ne s'y trouve plus et stupéfaction, elle broute tranquillement
dans le champs de mines. Il fallut longtemps avant qu'elle ne se décide
à sortir de là. Nous nous attendions à entendre un Boum ! et à voir
notre pauvre bête voler en l'air. Mais non, elle savait sans doute par
où passer et elle revint tranquillement. Mais la grand-mère
à Viviane, qui a deux enfants malades, cette grand-mère, Tinti Chänn,
était partie sans souci ramasser de l'herbe pour sa vache, mais hélas,
dans le champs de mines. Et elle n'eut vraiment pas de chance.
Elle sauta sur une mine et fut grièvement blessée. Elle est morte de
ses blessures. Il y eut Henri
Porsmoguer, le beau-frère à Anna Chevert. Lui, c'est à la Plass ar
Skool qu'il sauta sur une mine. Il eut plusieurs éclats dans le corps,
fut soigné sur le continent, et n'en mourut pas. Et puis il y avait les collaborateurs, certains, pour les besoins de la cause, afin de pouvoir renseigner les partisans ou ceux partis en Angleterre ; d'autres, pour leur plaisir personnel. Mais un jour qu'un Allemand nous tenait en joue mon frère Dominique et moi, une voix s'élève d'une femme. Elle nous connaît bien. Elle explique quelque chose en allemand, et l'autre a baissé son arme. J'allais sur mes 16 ans et Dominique sur ses 13 ans. Nous avons eu de la chance". |