Histoire
La Seconde Guerre Mondiale
L'oreille des Sénans Quotidiennement depuis le début de la guerre, tous les Îliens se rassemblent sur le quai pour venir écouter le poste posé sur l'appui de la fenêtre d’une grande maison blanche dont la propriétaire a la gentillesse de partager les informations. C'est un poste à accus car il n'y a pas d'électricité. Les nouvelles qu'on essaie d'avoir, viennent de radio Paris, avant que Paris ne soit occupé (ce qui sera le cas le 14 juin 1940). Le 19 juin, ils y apprennent l'évacuation de Brest et la prise de Rennes. Les Sénans ne savent plus quoi penser lorsque le 22
juin, le gardien du phare descend au bourg. Il informe les Îliens qu’il
a entendu un général inconnu et que le lendemain, il reparlera à la
radio de Londres. Sur le poste de la maison blanche, on cherche la
fréquence de radio Londres. Le maître du phare ne se souvient pas du nom du général. Il sait seulement que, contrairement au gouvernement en place, il ne parle pas de défaite. En fait, la figure du Maréchal Pétain ne transparaît à l'Ile de Sein. On n'en parle pas. La seule chose dont on parlera sera l'appel de ce général qui a été lancé de Londres. Le premier réflexe des Sénans n’est pas de partir tout de suite pour répondre au général inconnu, même si l’idée en séduit plusieurs. Ce qui va les convaincre dans la totalité, c'est l’appel téléphonique reçu le 24 juin par le maire de l’île. Celui-ci provient de la préfecture qui lui demande de faire diriger la petite garnison française basée sur l’île vers Quimper et d’organiser un recensement des jeunes gens et des marins de l'île. En effet, les hommes en âge de se battre ont déjà été mobilisés, comme dans toute la France, mais certains ont été empêchés d'aller sous le drapeau, du fait de leur âge ou de leur charge de famille. Ce sont ceux-là qui sont concernés par le nouveau recensement ordonné par Quimper. Comprenant ce que ça signifie, le maire, Louis Guilcher, en parle immédiatement au recteur de l’île, l'abbé Guillerm, juste avant midi. Le recteur décide alors de brusquer les choses et organise une réunion à 14h au presbytère pour envisager les modalités d'un départ. C’est que celui-ci ne peut pas s'improviser pas comme ça. Il faut trouver le bateau, le carburant, l'équipage et savoir où on va. Le point de chute sera l'Angleterre, c'est la seule chose certaine. |